Témoignages
L'association ACdM a été créée sur la base de témoignages de femmes ayant traversé une période difficile dans leur vécu de maman ou de maman en devenir.
Généralement thérapeutiques, ces témoignages permettent également de sensibiliser les consciences aux vécus des femmes avant, pendant ou après la naissance d'un enfant, psychologiquement douloureux, encore trop souvent oubliés, banalisés ou tabous.
Si vous aussi vous souhaitez faire part de votre vécu sous forme de témoignage, pour extérioriser votre peine, nous aider à sensibiliser les gens à notre cause ou peut-être aussi aider d'autres femmes à sortir de la solitude en s'identifiant à nos témoignages, contactez-nous.
Céline Pauchaurd
Briser le tabou
Merci à Céline, l’une des co-fondatrices de notre association, d’avoir pris la peine, le temps et surtout le courage de parler de son vécu… encore trop banalisé, les fausses couches précoces ne sont pas toujours reconnues comme une souffrance
Peu importe le stade de la grossesse, cela reste la perte d’un tout petit être…
"On nous explique qu'on va retirer du matériel. Et non un petit." Céline Pauchard a vécu 3 pertes de grossesses. Le tabou autour des fausses couches l'a parfois fait se sentir seule et perdue face au deuil. Elle a co-fondé l'association Au Cœur des Mamans pour aider les femmes vivant des difficultés liées à la périnatalité.
Anonyme
Ce récit décrit les événements tels que moi, en tant que jeune maman, je les ai vécus, dans ma tête, mon corps et mon cœur.
« Il y a 9 mois, j’ai donné la vie à mon petit garçon, T., 2.810 kg pour 48 cm. Trente-six heures d’efforts, de douleurs, de réjouissance, d’excitation, et finalement un raz-de-marée d’amour à l’accueil de ce merveilleux bébé. La lune de miel a duré 2 jours. A peine remise des émotions de l’accouchement et le temps de commencer à apprivoiser ce petit être, la sage-femme se rend compte que quelque chose ne va pas.
Après des contrôles médicaux, on nous annonce que le bébé est en hypoglycémie sévère (1.7mmol/l). Il présente de fortes trémulations et ne retient pas le sucre que les sages-femmes lui administrent. Il doit être transféré d’urgence en néonatologie dans un autre hôpital. On m’explique que je ne pourrai pas être hospitalisée avec lui. En dix minutes, les ambulanciers, pédiatre, assistants et infirmiers viennent le chercher. Ils sellent mon bébé dans une grosse machine et ne me laisse pas l’accompagner. Le choc. L’équipe médical nous donne de vagues explications sur l’état de santé du bébé en banalisant un peu la situation, probablement pour ne pas trop nous inquiéter.
Mais je me rends bien compte que leur discours dissonne avec l’inquiétude qui marque leurs visages et leurs réactions dans l’urgence. J’apprends plus tard que l’hypoglycémie chez le nouveau-né peut s’avérer mortelle s’il n’est pas pris en charge et peut causer de graves séquelles sur le développement neurologique de l’enfant si elle est diagnostiquée tardivement. En effet, le sucre est en quelque sorte le carburant du coeur et du cerveau, c’est pourquoi la glycémie est contrôlée juste après la naissance chez les bébés « à risque », soit avec un petit poids. Malheureusement, on ne l’a pas vérifiée à la naissance de Théo. Je comprends alors que les « spasmes » que mon mari et moi-même avions signalés les premiers jours à l’équipe médicale et qui avaient été banalisés par ces derniers, étaient en fait des trémulations symptomatiques d’une forte hypoglycémie. Je comprends également pourquoi mon bébé était si calme et ne pleurait quasiment jamais: il était souffrant… en silence… en économie d’énergie pour survivre.
Mon mari et moi retrouvons notre bébé une demi-heure plus tard en néonatologie, allongé dans une machine à côté d’autres petits bouts de chou. Il est relié à un moniteur, le torse plein d’électrodes et son tout petit bras enfoui sous une grosse attelle, sous perfusion. Les battements de son petit coeur sont chaotiques en raison des bradycardies. Il dort d’épuisement. J’observe ce tout petit bébé que j’ai porté pendant 9 mois et que je connais pourtant si peu. Que lui arrive-t-il? Comment cela va-t-il se terminer? Mon bébé va-t-il mourir? Pourquoi ai-je la sensation d’être coupée de mes émotions? Mon mari pleure. Nous sommes impuissants, désemparés, dans l’incompréhension, raccrochés au rythme chaotique des alarmes du monitoring…
Aujourd’hui, je remercie le ciel car mon bébé est guéri et est en pleine santé ! Cependant, cette expérience douloureuse a été un réel traumatisme pour toute la famille. Notre quotidien après l’hospitalisation a été particulièrement difficile. Mon fils et moi-même étions en état de stress post-traumatique, des séquelles psychologiques que nous avons tenté progressivement d’adoucir.
Notre vécu n’a pas été compris par tous, et a été particulièrement banalisé par le corps médical. En tant que maman, je me suis sentie très seule avec mes difficultés et mes angoisses. Quand bien même les problèmes de santé de mon fils font partis du passé, et que l’entourage se veut bienveillant « Ton bébé est guéri, il faut tourner la page, il faut penser à autre chose, etc. », les souvenirs de l’hospitalisation, l’angoisse d’avoir failli perdre mon bébé, la culpabilité et le sentiment de ne pas avoir su le protéger, la peur qu’il souffre à nouveau, et les cauchemars autour de la mort, eux sont toujours bien présents ! Et malgré une certaine croyance populaire que les bébés n’ont pas de souvenirs, mon fils présente encore aujourd’hui des symptômes de stress post-traumatique, une détresse psychologique réactivée dans les situations qui lui rappellent par exemple les gestes intrusifs des médecins ou encore la séparation avec maman lorsqu’il était souffrant . »
Je souhaite profiter de ce témoignage pour remercier:
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L’équipe médicale qui a pris en charge mon bébé durant son hospitalisation
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Les infirmières de la néonatologie pour les soins administrés, leur gentillesse et douceur
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La sage-femme qui nous a suivi à domicile pour son soutien et son écoute
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Les sages-femmes et le gynécologue qui nous ont accompagnés durant la naissance de notre bébé et après
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Nos parents, grands-parents, sœur, frères et proches pour leur soutien et leur aide pendant et après l’hospitalisation
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Nos précieux amis pour leurs présences et leurs nombreux messages de soutien
Anonyme
Nous sommes en essai avec mon mari depuis janvier 2017, suite à l’arrêt de ma pillule il m’a fallu bien jusqu’au mois d’août pour tout évacuer, de janvier à juillet j’avais des cycles à 28 jours et je pensais que tout était redevenu normal directement mais non, en août j’ai commencé à avoir des cycles à passé 50 jours. Du coup octobre, j’arrivais à j53 et toujours pas de règle et pour moi, dans ma tête cela était impossible de tomber enceinte avec des cycles à rallonge. J’avais peur de ne pas ovuler tous les mois et correctement, donc à ce j53 je me suis dit, "fais un test de grossesse pour voir le négatif et déclencher tes règles", car je pensais que je me les bloquais. Mais non test de grossesse positif.
Une semaine plus tard j’avais mon rendez-vous de confirmation de grossesse et datation. À ce moment-là, la gynéco datait la grossesse à 6 semaines mais elle trouvait bizarre car d’après mes dernières règles je devais être à 8 semaines. Elle me propose donc de faire des prises de sang avec un laps entre deux de 48h pour voir si le taux hcg doublait.
Nous voilà avec mon mari au rendez-vous suivant pour voir les résultats, et là elle nous dit qu’ils n’ont pas doublé et que cela n’est pas normal et donc elle procède à une écho. Elle ne voit plus d’embryon et dit que la poche se déforme et donc elle me diagnostique une grossesse non évolutive.
Du coup, elle me met en lien avec l’hôpital cantonal pour procéder à un curetage.
Une semaine après, accompagnée de mon mari, nous nous rendons à se rendez-vous. Dans la salle d’attente, mon morale est au plus bas. Pas facile de se retrouver à l’étage maternité dans une salle d’attente qui est remplie de femmes enceintes ou avec leur poussette et leur magnifique bébé, et moi je ne viens pas pour la même chose. Bref vient enfin mon tour. La dame me fait une écho pendant de longues minutes sans rien dire. Bien sûr je ne vois pas l’écran donc je me fais des films. Elle nous dit qu’elle veut appeler une collègue pour qu’elle confirme son diagnostic. La suivante, arrive, fait son écho pareil, et au bout de 5 minutes elle nous annonce son diagnostic : elle nous dit que ce n’est pas une grossesse non évolutive, que je suis à 5-6 semaines maintenant et que le bébé va bien. L’embryon est bel et bien dans la poche mais tout à droite. Elle nous fait même écouter son cœur. Elle nous dit de reprendre rendez-vous dans une semaine chez notre gynéco pour voir l’évolution.
Nous ressortons de l’hôpital, bien choqués mais nous avons denouveau un peu d’espoir.
Je décide alors de changer de gynéco et je prends donc rendez-vous chez la nouvelle pour dans une semaine.
Arrivé à son cabinet, on discute un peu de notre histoire et ensuite elle me fait une écho. Et là, c’est le drame, elle nous annonce que le cœur du bébé s’est arrêté à 6 semaine et demi. Elle nous explique alors que ça arrive très fréquemment. Que le bébé avait sûrement un problème de santé. Nous repartons du cabinet, anéantie pour ma part.
Quelques jours plus tard j’ai eu ma fausse couche naturelle sans prendre de médicaments, c’était le 15 novembre au soir.
Nous avons attendu mon retour de règles naturelles avant de reprendre les essais. Cela a pris 2 bons mois. Aujourd’hui c’est le premier cycle où l’on réessaie, j’ai peur que cela prenne beaucoup de temps.
Une part de moi est pour le moment détruite par la perte de cet enfant si désiré. J’ai beaucoup d’espoir pour la suite mais aussi beaucoup de peur. Et j’espère que cette mauvaise aventure sera vite remplacée par la naissance d’un beau bébé et en parfaite santé
❤️16.10.2017 15.11.2017 ❤️
Tiffany
La vie, un miracle
[Extrait 1]
Alors que pour certains donner la vie paraît être un processus naturel et banal, pour d’autres cela relève d’un exploit, d’un véritable parcours du combattant.
[Extrait 2]
Souvent, trop souvent, j’ai envié ces femmes et ces couples pour qui tout semblait aller si facilement. Toute femme devrait être capable de pouvoir mettre au monde un petit être ; c’est l’essence même de la femme. Et pourtant, parfois cela ne semble pas si évident…
[Extrait 3]
Mois après mois on a dû faire face à la réalité, aux échecs consécutifs. Chaque résultat a été un crève-cœur, chaque résultat négatif assommait toujours un peu plus. A force on commençait à s’habituer aux traitements, aux résultats, et pourtant cela faisait toujours aussi mal au fond de soi. Chaque échec me rappelait à quel point je n’avais aucune emprise, chaque échec me rappelait que j’étais impuissante et démunie. J’essayais de me protéger, j’essayais de faire face et rester positive devant les autres et pourtant mon corps a beaucoup pleuré, souffert. Mon intérieur s’épuisait toujours un peu plus. Mon esprit se fragilisait toujours un peu plus. Ce qui était difficile ce n’était pas seulement de garder l’énergie et la force de surpasser ces obstacles mais c’était de ne pas savoir ; ne pas savoir ce qui se passait réellement en moi, ce qui se passait réellement entre nous, ne pas savoir pourquoi le projet n’aboutissait pas malgré les mois de traitement et de travail sur soi, sur nous, ne pas savoir quand est-ce que nous pourrions enfin connaître la joie d’être parents.
[Extrait 4]
Certains nous disaient d’être patients, d’autres nous disaient de lâcher-prise et d’essayer de ne plus y penser. Je me rends bien compte que cela venait d’une bonne volonté et qu’ils devaient certainement se sentir aussi démunis mais ils ne pouvaient pas se rendre compte à quel point il est impossible de ne plus penser à un tel projet. Quand on rencontre des difficultés de conception et qu’on est en PMA, il est impossible de ne plus penser à notre projet d’enfant, tout simplement parce qu’on est focalisé sur notre cycle, on compte les jours pour savoir quand a lieu l’ovulation et quand est la période la plus fertile, on rencontre probablement très souvent des spécialistes qui mesurent différents paramètres, et qui nous parlent des différentes étapes. On doit parfois même suivre un traitement spécifique, se faire des injections. On doit parfois subir des interventions. Puis, quand toute cette période est passée, on est dans l’attente… On décompte les jours. On surveille le moindre signe. On subit les effets des médicaments, des injections. Notre tête et notre corps sont mis à rude épreuve. Ils sont si sollicités. On est empreint de fatigue et parfois d’autres effets secondaires. Alors, comment ne plus y penser ?! Impossible.